Buren n'expose pas

Publié le 12 Septembre 2013

Une installation du Studio 21bis à voir en vitrine jusqu'au 27 septembre 2013.

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Studio 21bis, Buren n'expose pas, 2013

Tissus, parpaings, pieds, halogènes

Lèche-vitrine n°34, Omnibus, Tarbes

du 6.09 au 27.09.2013

À l’invitation d’Omnibus, Le Parvis centre d’art propose à Laurent Lacotte du Studio 21bis de réaliser une exposition dans la vitrine du célèbre laboratoire de propositions artistiques contemporaines Tarbais.
Depuis plusieurs mois en effet, le Studio 21bis accompagne le projet hors-les-murs du centre d’art, tissant un réseau de partenaires qui accueillent expositions et autres interventions éphémères. L’espace public, les structures artistiques locales, mais également la sphère privée sont autant de lieux investis par les oeuvres du Studio 21bis questionnant ainsi les relations que l’art contemporain tisse avec son environnement immédiat.
Pour Omnibus, Laurent Lacotte convoque la figure d’un des plus célèbres artistes français, reconnu internationalement pour la manière quelque peu radicale avec laquelle il utilise depuis près de 50 ans un motif unique. À savoir des rayures à bandes larges, alternées noires et blanches ou noir et couleurs.
C’est en effet en 1965 que Daniel Buren choisit d’utiliser un tissu industriel à bandes verticales alternées, blanches et colorées, d’une largeur de 8,7 cm. Partant des possibilités multiples offertes par ce support, l’artiste mène une réflexion qu’il transpose en peinture et en installation, interrogeant ainsi les modalités de création et de présentation de ses oeuvres. Et plus largement encore, interagissant de manière directe avec l’environnement dans lequel il intervient.
À une journaliste qui moquait son emploi systématique voire abusif de ce motif unique, Buren répondait : "Ce qu'il faut comprendre, c'est que je n'expose pas des bandes rayées, mais des bandes rayées dans un certain contexte, qui, lui, change sans cesse. Qu'elles soient imprimées sur un papier ou un tissu, gravées sur un mur ou sur des escaliers, qu'elles se trouvent dans un musée ou dans une rue, elles sont devenues pour moi un "outil visuel" dont la fonction est de révéler par son emplacement les caractéristiques du lieu qu'il investit."
Ainsi, pour Laurent Lacotte convoquer Buren et sa pratique de "l’in situ" à Omnibus relève du clin d’oeil artistique autant que du soutien aux structures fragiles faisant ainsi écho aux difficultés que ces dernières peuvent traverser en ces temps de crise : précarité, manque de moyens et nécessité de faire du « name dropping » afin de se donner plus de visibilité. Autant dire qu’avec Daniel Buren la gageure est relevée !
Le titre de l’exposition, à prendre également au pied de la lettre puisque c’est Studio 21bis qui expose, évoque une manifestation que Buren a réalisée en 1967 au Musée d’Art Moderne de la Ville de Parvis dans laquelle l’artiste a décroché de l’exposition qui lui était consacrée, les peintures qu’il venait d’installer. Il rappelle également la célèbre formule de l’artiste selon laquelle il "n’expose pas de bandes rayées".
Dans l’espace d’exposition, les six socles qui reçoivent autant de tissu rayé noir et blanc ne sont pas sans rappeler une des plus célèbres oeuvres de l’artiste, Les deux plateaux : la polémique forêt de colonnes rayées noir & blanc installée dans la cour d’honneur du Palais Royal à Paris.
Au sol serpentent éclairages et câbles, ils théâtralisent l’exposition dramatisant une scénographie faite de bric et de broc. Les socles sont en effet constitués d’une juxtaposition de parpaings trouvés dans les caves d’Omnibus et les éclairages font aussi partie des vestiges du lieu. À l’image de la démarche de Buren, les oeuvres de Laurent Lacotte interrogent systématiquement le lieu qui les accueille et pour lesquelles elles sont conçues, révélant ainsi les particularités signifiantes de l’espace et de ses usages.

L’artiste plasticien Laurent Lacotte du Studio 21bis explore les notions liées à l'espace public et institutionnel tout en jouant des codes de l’art. Il trouve écho à ses réflexions environnementales, culturelles et existentielles en utilisant des matériaux souvent précaires récupérés dans les lieux qu’il investit. Avec il crée des dispositifs, des oeuvres éphémères et fragiles conçues en regard au lieu qui les accueille. Par ces recyclages, sont questionnés nos rapports à l’habitat, à la consommation, aux notions de frontières et de migrations, à l’espace public, à la sphère privées, aux enjeux de l’art aujourd’hui etc. Ainsi, en se confrontant littéralement au réel, les oeuvres qui s’installent souvent là où l'on s'y attend le moins (centre d’art mais aussi quartier d’habitation, commissariat, cimetière …), mettent en exergue et avec humour les particularités des territoires qu’elles occupent. Imbriquant l’art et la vie, ces processus de création souvent partageurs participent également d’une envie de fédérer les populations autour d’eux.


Magali Gentet, responsable du Centre d'art contemporain, Le Parvis, Ibos

Rédigé par OMNIBUS

Publié dans #Lèche-vitrine

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