Publié le 9 Juillet 2013
> Dream catcher ou « To serve and protect » Sculpture. Filet de protection chutes de pierres, grillage triple torsion d.3,5. 350 x 550 cm. |
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De gauche à droite et de haut en bas : > Stock : Observatoire. « Puisque aujourd’hui tout vole, alors qu’on voit les fils de pêche… » Installation. Chevrons, fils de pêche 10 kg. 420 x 40 x 280 cm. > Poudreuse Sculpture. Enduit, carré de bois 200 x 2,5 x 2,5 cm, poussière de ponçage, lumière. > Et personne ne m’empêchera plus jamais de regarder les nuages Sculpture. Moellons, ciment, point de vue. 220 x 240 cm. > Suizeki Sculptures. Collection de résidus de construction, matériaux divers, socles-pièces en bois brut. Dimensions variables. > Aux portes du désert Sculpture. Portes de récupération découpées, sable. 120 x 100 x 130 cm |
Béatrice Darmagnac, Résilience Exposition du 16 mai au 29 juin 2013, Omnibus, Tarbes Sous un titre qui évoque une notion de physique désignant la résistance d’un matériau au choc et la capacité d’un système à pouvoir intégrer une perturbation, Béatrice Darmagnac présente un ensemble d’œuvres qui traduisent son regard sur le paysage, dans son évolution au cours du temps et sous l’effet d’aléas extérieurs. Elle s’intéresse notamment aux signes d’érosion ou de mutation, et met en scène des phénomènes observés lors de ses études sur le terrain. Formellement assez minimales, ses propositions plastiques relèvent de gestes le plus souvent « simples », associés à l’emploi de matériaux bruts, naturels ou utilitaires, mais aussi de débris ou de matières insaisissables. Ses sculptures oscillent entre architecture et ruine, ou prennent les formes d’une nature artificialisée dans de grandes installations qui nourrissent un dialogue avec l’espace environnant. En dépit d’une apparence parfois austère, ces œuvres offrant de multiples lectures sont empreintes d’une poésie subtile, car Béatrice Darmagnac cherche l’expression du sublime dans le potentiel intrinsèque des matières nues, l’éphémère ou l’infra mince, et rend visible l’invisible. Ici, un nuage de fumée s’échappe par intermittence, créant le brouillard qui enveloppe peu à peu le paysage accidenté que l’artiste a tiré d’un lourd grillage métallique suspendu à l’horizontale à hauteur du regard, creux et bosses figurant des montagnes et des vallées dessinées dans l’espace. Ailleurs c’est de la poussière blanche, un résidu de ponçage recueilli sur une barre de bois, qui nous entraîne vers des sommets enneigés illuminés par un soleil artificiel. Le fantôme du matériau est révélé dans cette sculpture fragile, une œuvre éphémère qui recèle pourtant d’infinies métamorphoses. Cette « esthétique de la disparition » présente dans le travail de Béatrice Darmagnac s’accompagne d’une idée centrale pour l’artiste : l’intime conviction que tout est matière, y compris la pensée. Bon nombre de ses pièces demande la participation active du visiteur, sollicité physiquement et mentalement. Jouant sur les titres et les concepts, Béatrice Darmagnac instrumentalise le regard en provoquant la réflexion, réalisant au passage des sculptures mentales dans les projections imaginaires de chacun. Ainsi des paysages empruntés à l’histoire de l’art deviennent des grilles de lecture laissant place à la libre interprétation, tandis que de simples chevrons de bois usinés sont mis à disposition du regardeur comme les possibles fondations d’un observatoire qu’il sera automatiquement amené à construire par l’esprit. Le corps est quant à lui convoqué dans les rapports d’échelle, la mise à distance, la collaboration effective à la réalisation de l’œuvre (Partage des eaux). À la fois conceptuelle et sensible, mélangeant volontiers l’artificiel au naturel, la démarche artistique de Béatrice Darmagnac révèle et magnifie les matériaux jusqu’au déchet. Elle produit une sculpture contemplative, des objets mentaux dont la finalité est de réintroduire de l’enchantement dans la perception du réel. (Claude Lévi-Strauss) |
CONTACTS Béatrice Darmagnac beatrice.darmagnac@hotmail.fr / www.beatrice-darmagnac.pro |