Publié le 31 Août 2023
DU 15 SEPTEMBRE AU 7 OCTOBRE 2023
UWE KLAMKA, ICH ERINNERE MICH - Je me souviens
L'exposition de rentrée d'Omnibus est dédiée à l'artiste Uwe Klamka, décédé en juillet 2022. Avec une large sélection d'œuvres de différentes époques, dont ses tout derniers dessins, l'association veut rendre hommage à cet ami artiste de talent, avec qui elle a eu l'occasion de collaborer à plusieurs reprises.
VERNISSAGE VENDREDI 15 SEPTEMBRE À 19H
+ Dasein par Merilù Solito
Situation vocale à partir de l’œuvre de Uwe Klamka
+ 5 souvenirs de Heiner Müller, extraits de la nouvelle « Le père »
Si Uwe Klamka a suivi différents cours de dessin et de gravure, il est avant tout un autodidacte qui vivait son art comme une nécessité intérieure, travaillant sans relâche et produisant parfois plusieurs dessins par jour, dans une sorte de transe.
Il choisit d’emblée la technique du dessin pour sa facilité de mise en œuvre et le peu de matériel nécessaire. Des outils modestes comme un crayon graphite et n’importe quel support font ainsi l’affaire, l’artiste utilisant volontiers des papiers de récupération, parfois très fins, froissés ou arrachés de carnets à spirale.
L’univers d’Uwe Klamka est en noir et blanc et la figure humaine en est le centre, mais ses formes d’expression sont variées.
Inspiré par des images tirées de films ou d’albums de famille, il réalise des séries de dessins ressemblant à des photographies anciennes en travaillant des jeux de masses et de floutés noirs et blancs troublants qui affirment bizarrement l’aspect mortuaire du « ça a été » caractéristique de la photographie, alors que ce sont bien des dessins. Qu’il s’agisse de portraits, de scènes d’intérieurs ou de détails, l’inquiétude est latente dans ces œuvres aux présences fantomatiques. Les visages des jeunes mariés disparaissent dans l’ombre, les yeux des petites filles sont des orbites noires, tandis que cet homme qui dort pourrait tout aussi bien être mort.
Un autre grand pan du travail d’Uwe Klamka a des accents surréalistes, et représente des personnages mutants dans des paysages silencieux et déserts. Dans ses espaces de papier, le vide est aussi important que les figures. Il y a beaucoup de mystère et de noirceur dans tous ces visages souvent masqués, ou dont le regard semble tourné vers l’intérieur, traversé ou gêné par ce cône étrange aux bandes rouges qui rebondit d’un dessin à l’autre en se transformant tour à tour en porte-voix, en porte-vue, en chapeau ou en nez de clown lugubre. Boites et maisons en feu, ballons, pendules, chaises…, des objets et des thèmes reviennent ainsi de manière obsessionnelle et finissent par former un vocabulaire de formes et de signes à décrypter. La question du regard y est essentielle et nombre de personnages portent des masques ou des bandeaux, comme si l’artiste invitait à voir au-delà des apparences.
L’animal est un sujet qui revient aussi de manière récurrente dans les dessins de l'artiste. Chien, loup, cheval, otarie ou musaraigne s’hybrident aux corps et aux visages humains dans des formes de symbiose rappelant nos attaches avec la nature, car chaque œuvre d’Uwe Klamka évoque la condition humaine, celle d’êtres mortels traversés d’incertitudes et cherchant désespérément à renouer avec le monde vivant.